Visite récente du Xinjiang
J’ai récemment visité le Xinjiang. La culture et la religion ouïghoures sont respectées, avec des noms de rues et d’aéroports incluant des caractères arabes. Les mosquées sont ouvertes. L’économie et la vie quotidienne se déroulent normalement, avec une population composée à parts égales d’Ouïghours et de Han qui cohabitent généralement bien. La sécurité est très stricte, avec une présence policière, des barrages routiers et une surveillance des déplacements individuels en permanence. Cependant, je n’ai constaté aucun abus ou attitude irrespectueuse de la part des forces de sécurité. Selon moi, il y a une tolérance zéro pour tout radical ou djihadiste potentiel. Contrairement à l’Occident qui ne fait que répondre au terrorisme, la Chine prend des mesures préventives, ce qui lui vaut davantage de critiques malgré la protection accrued de ses citoyens.
Perspectives d’un Ouïghour
Je suis moi-même un Ouïghour chinois, afin de donner un autre point de vue. Il convient de parler d’Ouïghours chinois, tout comme on parle d’Américains d’origine chinoise. Certains Ouïghours désapprouvent effectivement les Han, notamment ceux directement touchés par les incidents malheureux survenus au Xinjiang. Comment ne pas éprouver de fortes émotions lorsque des proches sont enlevés pendant des émeutes, emprisonnés pour des raisons obscures, ou disparaissent mystérieusement pour avoir simplement tenu un site web ? Ces tragédies ont frappé à la fois Ouïghours et Han. Il existe donc une partie des deux groupes qui s’en prend ou refuse l’autre en raison de la haine. En Chine, les Ouïghours subissent aussi une déshumanisation et un racisme latent. Leur image collective regroupe séparatisme, terrorisme, vol et escroquerie. Au quotidien, de nombreux Ouïghours se heurtent à des refus de taxi ou d’hôtel, ou sont suivis dans les magasins sous prétexte devols. L’obtention du passeport peut prendre beaucoup plus de temps car la police exige des démarches spécifiques. J’ai moi-même fait face à des rejets et retards administratifs. Certains nationalistes estiment enfin que le rôle des Han au Xinjiang est illégitime et qu’ils colonisent la région en altérant sa démographie.
Relations locales apaisées
Néanmoins, la grande majorité des Ouïghours, environ 80%, sont des agriculteurs vivant loin des villes dans des oasis désertiques avec peu de contacts avec les Han. Leur opinion sur ces derniers est donc modérée. Au niveau local, les relations sont généralement apaisées entre les deux groupes qui cohabitent pacifiquement. Certains désaccords peuvent exister vis-à-vis du gouvernement mais pas nécessairement des Han.
Amélioration par l’éducation
Personnellement, j’ai aussi fait face au racisme mais j’essaie de ne pas généraliser. La haine ne concerne qu’une minorité, de chaque côté. Mes meilleurs amis sont Han. Éduquer les populations à une meilleure connaissance mutuelle est selon moi la meilleure solution. Lorsque je m’exprime en anglais ou que je m’habille à l’occidentale, les préjugés disparaissent soudainement. Beaucoup de problèmes viennent juste d’incompréhensions qu’une meilleure connaissance de l’autre peut lever.
Respect et dialogue
En conclusion, il est important de ne pas répandre la haine mais de respecter chacun. La très grande majorité des Ouïghours et des Han cohabitent pacifiquement au quotidien. Les tensions actuelles ne concernent qu’une minorité de part et d’autre. Le dialogue respectueux est la seule voie pour une paix durable.